Paksé
Nous sommes à bord d’un bus couchette qui doit nous conduire à Paksé
dans le sud du Laos, il est 6h du matin, et le bus ne roule plus. Je demande à
notre voisin de couchette, un moine avec qui nous avions conversé la veille,
pourquoi le bus est à l’arrêt. « -Le bus est cassé ! » « -
Ha ?! et les conducteurs sont en train de le réparer ? » « –Non,
non, ils dorment !! » « –Ha… » Bon bhein, nous allons en
faire autant… 2 heures plus tard la chaleur monte dans le bus, nous sortons et
allons aux nouvelles… Personne ne parle anglais et notre petit moine est parti
dans le village à côté. On va se mettre à l’ombre et attendre comme tout le
monde alors. Les locaux, très sympathiques, nous offrent des fruits, genre de
mini litchis sur une branche, pas mauvais. Vers 10h, un conducteur se réveille
et va chipoter au moteur. Vers 11h, il arrête. Vers 12h, un bus local passe,
déjà plein, tous les locaux montent dedans, on se dit qu’on va en faire autant.
On est donc entassés dans la cabine du chauffeur à 17 (j’ai compté), debout
avec la fenêtre ouverte, heureusement, pour nous donner un peu d’air frais… Oli
me dit de ne pas me tracasser selon ses calculs on devrait arriver dans 2h tout
au plus ! Ah ouais ! 5h pour parcourir 200km qu’il nous a fallu!
Le conducteur devait quand même rentabiliser son trajet ! Hé oui, nous (et
tout le reste de notre bus) ne payions pas, donc il a fait monter chaque
personne qui attendait le bus, sans mentir on devait bien être 100 à
l’intérieur ! Même les locaux en avaient marre J. Enfin nous
arrivons, un peu fatigués certes, à destination à 17h (au lieu de 8h donc rien
de bien grave) ! Nous allons directement dans notre hôtel prendre une
bonne douche bien méritée !
Après une bonne nuit et un bon petit déjeuner, nous louons une moto (chez
un belge de Huy installé ici depuis deux ans, ça ne s’invente pas non plus), pour
une petite journée excursion au temple Vat Phou qui se trouve à 40km de Pakse.
Nous passons donc dans les petits villages pour rejoindre le temple et les
maisons sont assez particulières : toutes sur pilotis ! Le temple est
comme un mini Angkor, caché dans la nature avec des franchipagniers qui
poussent entre les pierres. Il est en hauteur, adossé à une colline, le Phou
Kao (symbole phallique de Shiva) ou Mont Pénis (en raison de sa forme
suggestive), et surplombe toute la
vallée, c’est vraiment magnifique. Il fait très chaud (40°C) donc il nous faut
plusieurs pauses à l’ombre pour y arriver au vu des nombreuses volées de
marches abruptes, mais ça en vaut vraiment la peine !
On y découvre une
source sacrée, un temple dédié à Nandin (taureau sacré, monture de Shiva) et
des pierres de sacrifices (humains ?) en forme de crocodile et d’éléphant.
Sur le retour, petite pause de midi (15h exactement) pour manger un petit riz
sauté en bord de Mékong, et puis c’est reparti direction le Bouddha géant. 530
marches plus tard, nous arrivons (en sueur) à ses pieds et c’est vrai qu’il est
géant ! Nous arrivons au bon moment, le soleil se couche et donne un rendu
assez mythique : coucher de soleil, Bouddha, Mekong…
Le lendemain, nous partons pour un petit circuit toujours en moto de 3
jours/2 nuits dans le plateau des Boloven pour aller voir les différentes
cascades et les villages de la région.
Les maisons sont toujours aussi
pittoresques, la terre est ocre, et les enfants nous disent de grands
« Hello » quand nous traversons leurs villages. Notre premier arrêt à
Tad Pasuam nous permet d’aller visiter une
tribu en habits traditionnels qui fabrique des produits locaux, et d’aller
voir notre première cascade.
A midi, nous mangeons une bonne
« noodle-soup » locale, on sympathise avec Joan, le fils de la
patronne, qui nous prend notre carte
routière et regarde le petit tour que nous nous apprêtons à accomplir… Un
moment bien sympathique, surtout au moment de l’addition quand je me trompe
dans les billets, fou rire garanti. L’après-midi, nous allons encore voir deux
cascades : Tad Champee et Tad Lo.
En arrivant dans le village de Tad Lo,
nous avons un léger choc en voyant le nombre d’immondices qui nous entourent
(avec les cochons qui jouent dedans bien sûr) ! Enfin, on trouve un hôtel
qui n’a pas vue sur la crasse et on fait un petit tour pour aller voir encore
deux cascades (Tad Soung offrant une superbe vue sur la vallée) et le coucher
du soleil…
Le lendemain, Mama Thian, la propio de notre guesthouse, nous offre à
chacun un bracelet tressé de ses mains pour nous protéger durant le restant de
notre voyage (on le gardera bien précieusement jusqu’à notre retour).
Première
halte de la journée à Kopkphoungtai : un village Katu animiste aux
habitudes très différentes des nôtres. Nous faisons le tour avec un guide local,
Mr Hook (qui a ses deux mains), qui nous explique les us et coutumes du
village. Les enfants sont mariés dès l’âge de 6 ans, ils peuvent avoir
plusieurs femmes (s’ils on assez d’argent pour les entretenir), la plus grande
maison du village abrite 72 personnes. Ce sont les femmes qui travaillent (pour
la culture du café principalement, vu que nous sommes en altitude), les hommes
s’occupent d’élever les enfants et de recevoir les invités.
Lors de
l’accouchement, elles doivent se rendre dans la forêt pour ne pas apporter le
malheur au village. Ici, le cochon est un animal de compagnie et il y a de
temps en temps des sacrifices de chiens (par lapidation ou à coup de pieds) ou
d’un buffle (à la lance) pour faire partir les mauvais esprits. Ah oui, et
presque tout le monde (enfants inclus, dès 2 ans) fument du tabac naturel mélangé
à du sucre de canne à l’aide d’une pipe à eau… Bref, des coutumes bien
particulières… Attention, pas d’amalgames, cette culture n’est pas pour le Laos
entier mais pour cette ethnie (et peut être d’autres) !
Nous reprenons la route et nous avons l’occasion d’apercevoir que les
laotiens sont assez fêtards et adorent la bière et karaoké ! Encore deux
cascades (Tad Faek, remplie de locaux venus se baigner, pique-niquer et danser,
et Tad Katamtok, quasi introuvable et infestée de moustiques qui ne veulent pas
me lâcher alors qu’Oli se balade tranquillement) et nous arrivons à notre
prochaine étape pour passer la nuit.
Il s’agit d’un campement surplombant le
plateau des Boloven où nous logerons dans des tentes sur pilotis, vraiment
sympa. Avant le souper, nous partons voir une des deux cascades (Tad Tayicsua)
qui se trouve sur le site ! Encore une fois seuls au monde, nous avons la
chance d’observer une superbe cascade dans un milieu vraiment naturel !
Nous soupons avec nos compagnons de voyage ; en fait, sur la route on
croise évidemment les mêmes personnes (entre occidentaux on se reconnaît) et
ici c’est avec un groupe de 6 français, un couple de belges et un autre couple
de français que nous partageons la table. Après une bonne soirée arrosée de
quelques bières locales, nous sommes dans notre tente vers 22h30 (l’heure de
sommeil de tous les backpackers). Le lendemain matin, il pleut à verse, nous
attendons donc jusque 10h que ça passe. On essaye quand ça se calme d’aller
voir la deuxième cascade du site mais c’est assez casse gueule et à pic, on
glisse, on se retient aux bambous, on a de la boue partout.
Moi j’abandonne,
mais Oli ne voulant pas avoir fait tout le chemin pour rien continue jusqu’à la
cascade et me ramène quelques photos pour me montrer ce que je rate… On reprend
ensuite notre bonhomme de chemin direction Pakse avec quelques haltes sur la
route pour aller voir des cascades (Tad Yuang avec son parc aménagé et un
malheureux gibbon en cage qui nous a tenu la main pendant de longues minutes et
dont on n’a pas compris l’intérêt de sa captivité) et pour remplacer un pneu
crevé
(petit challenge : rouler à 2 sur la jante et trouver un mécano
endéans les 2 km, ça c’est fait…). La dernière cascade, Tad Fan, est magnifique,
la plus belle que nous ayons vue durant ce voyage… D’une hauteur de 120 m et
avec la jungle aux alentours, elle renvoie une sensation de liberté incroyable.
On reste d’ailleurs une heure à l‘admirer. Le soir, nous reprenons nos
quartiers à l’hôtel et mangeons une bonne pâte avec le couple de français et de
verviétois rencontrés la veille.
Si Phan Don
Dernière étape tout au sud du Laos : « Si Phan Don » ou
les 4000 îles, qui sont dispersées sur le Mékong à la frontière Cambodgienne et
à 1h30 de Pakse.
Certaines sont minuscules mais les 3 plus grandes abritent des
villages et c’est sur Don Khone que nous avons décidé de séjourner. Nous
prenons le bateau pour aller jusque l’île et nous sommes replongés dans
l’ambiance mythique du Mékong : des pêcheurs, des enfants, des petites îles…
tout est calme et paisible… Même ambiance lorsque nous arrivons dans le village
et déjà on se dit qu’on restera quelques nuits en plus que prévu dans ce petit
coin de paradis… Nous logeons dans un bungalow au bord du Mékong avec vue sur
le coucher de soleil…
On se repose aujourd’hui, il fait TRES chaud, alors on
écrit les blogs, on lit un peu et on regarde les locaux pêcher au lancer de
filet sous le coucher de soleil… Le lendemain, on part à la découverte de l’île
à pied ! On pouvait le faire en vélo, mais ça faisait trop longtemps qu’on
n’avait pas marché et ça nous manquait ! Alors c’est parti, on remonte
l’ancienne ligne de chemin de fer qui traverse toute l’île et on se retrouve en
face du Cambodge. Petite note historique : durant le protectorat de
l’Union indochinoise française fin du 19ème siècle, le gouvernement
français veut faire main mise sur le Mékong et ainsi devenir maître des
transits de marchandises navales.
Seul hic, les chutes d’eau de Don Khone
constituent un véritable rempart à ce projet mettant à mal plusieurs tentatives
de franchissement par bateaux à vapeur. L’idée de construire une ligne de
chemin de fer traversant l’île du sud au nord germe et aboutit en 1893, non
sans mal et accompagnée comme toujours de la décimation de la population locale
en raison des conditions de travail très dures et de la mauvaise hygiène de
vie. L’apogée de la ligne vers 1910 voit bon nombre de chalutiers démontés au
sud, chargés sur locomotive et remontés au nord de l’île.
Le pari français est
réussi mais ne durera que quelques dizaines d’années, les crues incessantes du
Mékong, l’apparition des routes et la Seconde Guerre Mondiale auront raison de
la voie ferrée qui disparaîtra à jamais sous la jungle. Actuellement, deux vieilles
locomotives témoignent de ce passé plus ou moins glorieux selon les personnes.
Sur le chemin, nous ne croisons personne à part des buffles ! Nous
continuons notre route et passons par des petits villages de pêcheurs (entendez
3-4 maisons).
Nous commençons à avoir faim et nous tombons sur ce qui semble
être le seul resto de ce coté-ci de l’île, ce qui nous arrange bien J. Après
un bon pad-thai, nous allons voir les rapides de « Khone Pha
Soy ». Nous passons encore quelques maisons de pêcheurs avant de retrouver
notre chambre après 5 h de marche sous 40°C ! Il ne fallait pas plus, Oli
va vite faire un plongeon dans le Mékong pour se rafraîchir J.
Pour
notre dernier jour, nous allons voir la cascade de Liphi, le fameux rempart de
Don Khone (qui ressemble plus à des rapides qu’à une cascade) et encore une
fois nous restons sous le charme du Mékong et de ses environs ! Pour finir
cette superbe journée et ce séjour au Laos, un coucher de soleil carte postale
et un bon curry de canard aux patates douces…
Bonjour Malou et Olivier. Heureusement que nous savons que vous êtes rentrés sains et saufs. Parce qu'entre les araignées dans la jungle, les serpents qui traversent n'importe où, Malou dans les escaliers à pic du Machu Pichu et Olivier qui joue les funambules sur la rambarde (liste non exhaustive, bien entendu !), il y avait de quoi s'inquiéter. Ceci dit, encore merci pour toutes ces images et impressions du bout du monde. Bisous. Sylvie (CRF Visé)
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