« Les folies sont les seules choses qu'on ne regrette jamais » Oscar Wilde

jeudi 7 février 2019

Tasmanie: la suite et la fin

Après la montagne et les lacs, nous voilà repartis pour les plages de rêves au nord-est de l’ile. Nous partons assez tôt le matin pour avaler les 5 heures de route qui nous séparent de la côte. Les paysages sont toujours aussi éblouissants et cela reste un vrai plaisir de rouler. Nous cherchons un camping gratuit en bord de mer et nous dénichons la perle rare : un parking complètement isolé avec juste une toilette sèche mais un accès direct à la plage et une vue panoramique à 180 degrés.
Nous flânons et respirons l’air vivifiant avant de sombrer bercés par le rythme des vagues. Le matin, on se réveille entourés de quelques surfeurs et nous petit-déjeunons en bord de mer. Nous remontons ensuite un peu plus vers le Nord pour aller voir la Bay of Fires, une succession de plages et criques paradisiaques, recensées dans le top 5 des plus belles plages du Monde. Nous arrivons au lieu-dit “The Gardens”, et la réputation de la région est bel et bien vraie. Des rochers teintés de rouge par un lichen contrastent avec le sable blanc et les eaux turquoise. Nous marchons une bonne heure le long de ce petit paradis.
Nous faisons une autre étape à Binalong Bay, moins colorée mais tout aussi sublime. Le temps se couvre l’après-midi, nous décidons de lever le pied et d’aller se relaxer au camping de Scamander. Je vais voir la plage voisine avec Caouette pendant que Malou fait une petite sieste, on croise un serpent, on rentre faire les courses à la superette du coin, un bon petit souper et bain dans le van pour Caouette, une lessive et hop au dodo… la routine quoi. Le lendemain, nous nous dirigeons plus au sud vers le Parc National de Freycinet, l’attraction numéro un de l’ile, toujours en bord de mer. En chemin, nous nous arrêtons pour diner à la Freycinet Marine Farm, un petit endroit charmant (une fois que tous les cars sont partis) où l’on peut déguster des huitres, moules, coquilles Saint Jacques, ormeaux fraichement pêchés le matin et ouverts juste 1heure avant la dégustation… un vrai régal. Il n’y a que deux campements à Freycinet et celui dans le parc national est déjà complet ; pas de soucis nous resterons dans celui juste aux portes du Parc.
Nous en profitons pour flâner à Coles Bay, un petit village en bord de baie avec des vues sublimes sur la chaine de montagnes Hazards de Freycinet. Le soir, nous bénéficions d’un sublime coucher de soleil sur la Baie sans un nuage à l’horizon. Fraichement reposés, nous sommes bien déterminés à tirer le meilleur de l’endroit : courtes ballades en matinée et ascension du mont Amos l’aprèm. La matinée se passe comme prévu avec une chouette ballade autour du phare du Cap-Tourville offrant de très beaux points de vue sur les côtes. L’après-midi, nous allons connaître notre plus grande frustration du voyage : de grands vents sont annoncés et l’ascension du Mont Amos est déconseillée. Qu’à cela ne tienne, nous tentons quand même le coup.
Au 1/3 de l’ascension force est d’admettre que nous n’avons pas les bonnes chaussures pour escalader les falaises abruptes de granite et avec Caouette en porte-bébé le jeu n’en vaut certainement pas la chandelle. Nous jouissons déjà d’une sublime vue sur la baie et nous redescendons pour faire l’aller-retour vers le point de vue de Wineglass Bay. Sur le chemin, nous croisons tous les touristes et arrivés au point de vue sensé être paradisiaque, c’est l’enfer du selfie. Absolument personne ne regarde le point de vue autrement qu’à travers son portable, ou pire dos au panorama. On hallucine car la baie est splendide. Doublement frustrés, nous décidons alors de poursuivre la ballade avec le circuit de Wineglass qui inclut une descente de 1000 marches vers la plage, une traversée de l’isthme pour atteindre la plage isolée d’Hazard et un retour par la forêt en bord de mer.
Vous pensez bien que tous les touristes restent amassés au point de vue et nos efforts sont alors récompensés par de nouveau une tranquillité absolue devant des paysages uniques. Fatigués mais comblés, nous pouvons quitter Freycinet le cœur léger. La météo annoncée pour les prochains jours est loin d’être clémente sur toute l’île. Nous roulons vers la péninsule de Tasman encore plus au sud où nous prenons une nuit en auberge pour récupérer pleinement de nos efforts de la veille. C’est fou comme un peu de confort vous requinque en un rien de temps. Après un bon petit déjeuner, nous partons pour Cape Raoul, une randonnée de 4h aller-retour. Le temps est assez clément et lorsque nous pensions avoir tout vu de la Tasmanie, cette ballade nous fait découvrir encore de nouveaux paysages mais surtout le clou du spectacle : des falaises de dolérite de 300m de haut façonnées par vents et marées qui leur confèrent leur profil si atypique. Nous sommes encore quasi seuls au monde et nous aurons également le privilège d’observer un bébé échidna (sans aucun pic encore sur le dos) faire ses premiers pas assez maladroits en forêt. Le soir, nous retrouvons notre bon vieux van mais nous nous accordons un bon steak local arrosé d’une Porter (bière fumée) locale.
Afin d’éviter les pluies torrentielles annoncées, nous partons vers Hobart, la capitale de l’île. Coup de bol, nous sommes samedi et c’est le jour du célèbre marché de Salamanca, ambiance détendue, artisans locaux en tout genre. Mis à part ça, nous trouvons la ville assez petite sans vraiment grand attrait. Nous quittons notre camping en bord de capitale pour rejoindre notre dernière destination : le parc National de Mont Field. Les températures nocturnes prévues sont de l’ordre de quelques degrés et nous préférons donc dormir en bungalow. Encore une fois, nous avons déniché un petit village perdu offrant quelques habitations en pleine nature. Après 15km épiques sur une route en pierrailles, nous atteignons la mystique foret de Styx.
Cette forêt ancienne abrite des eucalyptus géants dont le plus grand atteint 97mètres. L’ambiance est indescriptible, on se croirait dans le film « Chérie, j’ai rétréci les gosses » et la flore tropicale ajoute encore plus de cachet à l’endroit. L’après-midi, nous marchons vers les chutes de Russel, assez impressionnantes sur deux niveaux, tout en traversant une autre forêt d’arbres géants. Pour notre avant-dernier jour en Tasmanie, nous avons prévu de gravir le Mont Field et ses lacs glaciaires mais pas de bol, un brouillard épais recouvre toute la montagne. Nous montons quand même en van car nous savons qu’en montagne tout peut arriver. Cette fois le temps ne se dégagera pas mais nous avons quand même l’occasion de faire le tour d’un lac glaciaire qui sous le brouillard dense nous révèle une toute autre facette de la Tasmanie, plus mystérieuse et envoutante. Il est désormais temps de rentrer sur Hobart, nettoyer et ranger le van et profiter de la piscine d’eau chaude du camping avec Caouette. Pour notre dernier jour de repos, le temps est ensoleillé et on ne pouvait pas passer à coté du Mont Wellington/Kunanyi culminant à 1271m et offrant une vue à 360 sur toute la région d’Hobart et les parcs Nationaux. Pour se remettre des 22 km de route vertigineuses (Malou a fortement apprécié), nous allons souper en bord de port où nous dégustons de succulentes huitres, moules et poissons locaux. 

Le retour vers la Belgique nous réserve une dernière halte surprise : Abu Dhabi. Grâce (ou à cause, c’est selon les points de vue) à une immobilisation de notre avion au sol à Melbourne pendant 3h, nous ratons notre connexion à Abu Dhabi et sommes forcés de rester dans un hôtel pendant 24h en attente de notre prochain vol. Nous, rester à l’hôtel, c’est cela oui ! On échange quelques dirhams, on hèle un taxi et nous voilà partis dans le centre-ville, désert car vendredi c’est jour de prière. Le choc après la Tasmanie est évident : d’immenses gratte-ciels blinquants, des hôtels surdimensionnés, un parc dédié au Sheikh mais malheureusement nous trouvons l’endroit dépourvu d’âme. Au coucher du soleil, nous visitons la Grande Mosquée Cheikh Zayed toute en marbre blanc et parée de dorures enchanteresses.  Cette mosquée de 22.000m² peut accueillir 40.000 fidèles et renferme aussi le plus grand lustre au Monde (10m de diamètre pour 12 tonnes). Rien que pour cela (et les trois buffets à volonté de l’hôtel), ça valait la peine de rater un avion. Il est maintenant temps de retourner à la réalité et passer Noel avec nos proches. Merci à tous pour vos commentaires sur nos photos! A la prochaine, pour d’autres aventures!!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

dimanche 27 janvier 2019

Tasmania : Stanley et Craddle Mountains

Après une traversée de 9 heures sur une mer un peu agitée, nous voici fraîchement arrivés à Devonport ! Il est 6h du matin, nous nous retrouvons devant un bon petit déjeuner pour préparer notre itinéraire qui est un peu bouleversé à cause de la pluie et du froid prévu dans les montagnes…
Nous décidons alors de prendre la route pour Stanley afin de voir “The Nut”, un vestige volcanique de 150m de haut. Le temps est mi-figue mi-raisin, alternant grosses bourrasques de vent et grosses draches mais entre les deux, nous parvenons à monter sur le dit volcan et à en faire le tour ! Le soir, nous nous faisons plaisir : un bon plateau de fruits de mer avec huîtres (les meilleures qu’on ait jamais mangées), moules, ormeaux, calamars… Un délice ! La Tasmanie est réputée pour ses fruits de mer et nous ne sommes pas déçus !
Après le resto, à la tombée de la nuit, nous allons sur la plage car nous avons entendu parler d’une plateforme éclairée à la lumière infra-rouge pour observer les pingouins bleus (les plus petits du monde) qui remontent sur la plage pour passer la nuit dans leurs terriers. Après une (longue) attente dans le froid, nous observons des petites taches blanches sur les cailloux de la plage, les pingouins sont là ! Ils nous observent aussi pour savoir si nous ne sommes pas une menace et une fois qu’ils sont rassurés, ils avancent vers nous et passent sous la plateforme pour rejoindre leur terrier. Il doit bien y en avoir une trentaine qui passe par petits groupes de 5 juste sous nos pieds ! Voici encore une journée bien réussie !

Après cette halte en bord de mer, nous roulons en direction du “Cradle Mountain-Lake St Clair National Park”. Le temps est pourri et la nuit s’annonce super froide (2-3 degrés), nous prenons donc une nuit en lodge, et je dois bien avouer qu’avoir tant de confort nous a vraiment fait du bien ! La cuisine du lodge est aussi grande que le campervan, et Caouette a sa propre chambre !! Après une super bonne nuit dans un grand lit confortable, on se réveille avec… un ciel tout bleu et plein soleil ! C’est parfait car nous avons prévu une randonnée de 5h - Marion’s lookout et Wombat pool circuit.
La ballade est superbe, cascade, passages entre de hautes herbes alpines et forêt humide. On a un peu peur de la montée avec Caouette en porte bébé car il y a un passage un peu technique et on doit escalader certaines parties, mais après avoir vu des gens en “crocs” (pour rappel, on est en montagne !) on y va ! Nous arrivons jusqu’auMarion lookout, un point de vue exceptionnel sur le Dove Lake et la Craddle Mountain ! Nous redescendons en direction de la Wombat pool et du Lake Lila, un lac brunâtre entouré de montagnes. La randonnée est magnifique !

Pour les deux prochaines nuits dans la montagne, on retourne dans notre van, mais les nuits s’annoncent moins froides ! Aujourd’hui au programme, la matinée, le tour du Dove Lake et l’après-midi, King Billy circuit. La ballade du Dove Lake est impressionnante car au cours des 3heures de marche nous traversons pas moins de 5 écosytèmes différents et nous n’avions jamais vu une flore aussi riche et diversifiée (plein de types de lychens attestant de la pureté de l’air et des plantes/arbustes de toutes les tailles et formes). Nous rentrons diner au camping pour reposer nos gambettes pour repartir vers le King Billy Circuit, une des plus belles ballades de notre vie !! Oui Oui! Et pourtant elle n’a duré que 30 minutes, mais ce fut notre première rencontre avec le King Billy pine tree, un arbre qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde et qui peut atteindre une hauteur de plus de 40 mètres et être vieux de plus de 1000 ans ! C’est assez incroyable d’être dans une forêt tellement vielle que les premiers colons qui ont mis le pied en Tasmanie il y a 400 ans ont probablement vu les mêmes arbres que ceux qui sont devant nous. De plus, la forêt était tellement dense, vielle et pure qu’on avait l’impression que les arbres communiquaient entre eux ! On se sentait vraiment tout petit et cela nous a fait vraiment nous remettre en question par rapport à notre place sur la Terre. Un sentiment qu’on n’avait plus éprouvé depuis longtemps ! En plus en sortant de la forêt, on tombe nez à nez avec un wombat, un échidna et un pademelon avec son bébé dans la poche, que demander de plus !

Dernière halte avant de reprendre la route, le sanctuaire du Diable de Tasmanie ! Bien que nous préférons voir les animaux dans la nature que dans des zoos (quitte à ne pas les voir du tout), nous nous décidons quand même à aller le voir ici. Le sanctuaire fait partie d’un programme de reproduction pour sauver le Diable du cancer de la face (un des seuls transmissible par contact physique) qui a déjà décimé près de 85% de la population sauvage. Pourquoi cet animal s’appelle-t-il le Diable nous demanderez-vous ? Lorsque les anglais sont arrivés en Tasmanie au 17ème siècle, ils entendirent des bruits stridents dans la nuit qui selon eux s’apparentaient au son lugubre que le diable ferait. Et pour l’avoir entendu, on ne leur donne pas tort ! On a aussi la chance d’observer des quolls, petits marsupiaux qui ont disparu en Australie à cause de l’introduction du renard par les anglais qui voulaient pouvoir chasser comme à la maison (merci les colons). A savoir : le quoll, sorte de gros écureuil de 4-5kg, peut terrasser un kangourou de 20kg, à bon entendeur !

Avant de quitter le Cradle Mountain-Lake St Clair National Park, nous roulons jusqu’au lac St Clair où nous passerons 2 nuits au bord du lac (20km à vol d’oiseau des Cradle Mountain mais 200km de route ; et oui, la Tasmanie est constituée de 85% de parc nationaux donc pas beaucoup de routes). Nous partons pour 5h30 de ballade jusqu’au Shadows lake, un lac glaciaire. La végétation est étonnante car elle change du tout au tout en 13km, passant de grands eucalyptus, à une forêt humide ou une étendue de genévriers nains. Sur le chemin, ma rencontre avec un serpent tigre (le plus venimeux de Tasmanie) restera dans nos mémoires !   Prochaine étape : La Baie de Feu !